Le 1er décembre a eu lieu au ministère un « groupe de travail » sur les étudiants contractuels de master MEEF. Le Ministre a clarifié ses objectifs et toutes les analyses de la FNEC-FP FO ont été vérifiées. Attention danger!
1e pièce du puzzle : le concours est déplacé en fin de M2.
La FNEC-FP FO a contesté cette attaque imposée par le ministre sans qu’aucune discussion soit possible : déplacer le concours au second semestre de M2, c’est faire perdre une année dans l’accès au statut ainsi que pour les droits à la retraite.
2e pièce du puzzle : le concours est vidé de l’essentiel de son contenu disciplinaire.
- L’épreuve centrée sur la pédagogie demeure
- Un oral de recrutement remplace l’épreuve disciplinaire. Cet oral est clairement subjectif, puisque destiné à tester la « motivation » du candidat.
Comme l’a montré la FNEC-FP FO, le ministère cherche la « polyvalence » des enseignants pour pouvoir les interchanger à souhait. C’est aussi une volonté de déqualification des enseignants et de mise en cause de cursus disciplinaires en amont du concours.
3e pièce du puzzle : disposer de directeurs d’INSPÉ à la main du ministère.
Les directeurs d’INSPÉ seront à présent désignés principalement par le ministère via les rectorats. Dans quel but? Eviter que d’éventuelles oppositions se manifestent dans leurs rangs …
4e pièce du puzzle : la réforme des maquettes de master MEEF et la déstructuration des équipes de formation.
Sous prétexte de vouloir « professionnaliser » les parcours, le ministère ordonne de mettre en place les nouveaux masters composés:
- 1/3 de temps de formation
- jusqu’à 2/3 de temps « dans les classes ».
Concrètement, comme l’a montré la FNEC-FP FO, en réduisant le nombre d’heures de formation, le ministre peut réduire le nombre de postes à l’INSPE! Encore des économies …
5e pièce du puzzle : la mise en place de l’« alternance » pour les étudiants MEEF, c’est-à-dire leur contractualisation.
On met donc en alternance les étudiants MEEF (qui ne sont plus des stagiaires puisque le concours est déplacé à la fin de la M2)
Conséquences : au lieu de préparer les concours, ils seront en position de contractuel à cheval sur deux années (jusqu’à 2/3 du temps dans les classes). En même temps, ils devront préparer leur concours, suivre les cours à l’INSPE et rendre les mémoires! Comment préparer sereinement son concours?!
Et pour quel salaire? Moins de 700€ par mois !!! 30% en moins par rapport à un contractuel actuel. Moins de 10€ de l’heure !!!
6e pièce du puzzle : la fin des décharges de service pour les enseignants fonctionnaires stagiaires.
Fini les services à mi-temps , on passe à temps plein hebdomadaire! A la place, ils disposeront d’une quinzaine de jours de formation en moyenne pendant leur première année…
Cela représente tout de même 9000 postes d’économie sur le dos des stagiaires 1er et 2nd degré. On comprend l’intérêt du ministère!
7e pièce du puzzle : la destruction de l’enseignement disciplinaire en amont du master, c’est-à-dire en licence.
En supprimant les enseignements disciplinaires , l’objectif de notre ministre est clair: produire « l’enseignant de demain », « professionnalisé », c’est-à-dire polyvalent et bouche-trous!
8e pièce du puzzle : La dislocation de tout cadre national.
Cette pièce est transversale à toutes les autres. C’est la fin des formations « nationales »: On supprime la formation initiale (professionnelle ou académique) qui pourrait être comparable d’un endroit à l’autre du territoire en prétextant le besoin « d’adaptation ».
Reconstruisons le puzzle :
➢ La réforme de la formation des enseignants et des concours a pour objectifs immédiats et principaux :
- l’utilisation, pour un coût défiant toute concurrence (inférieur au SMIC), des étudiants MEEF comme contractuels bouche-trous dans les établissements, leur acclimatation aussi à la condition de contractuel
- l’économie d’environ 9000 postes
- des économies sur les postes et services en INSPÉ
➢ Et elle a pour conséquences :
- l’extinction progressive de l’emploi statutaire, avec la mise en cause du caractère disciplinaire des concours, la déqualification des aspirants enseignants, la dislocation de la formation dans l’ « adaptation », la disparition à terme des concours nationaux
- la mise en cause de la cohérence de la formation avant le concours, articulant recherche, enseignement disciplinaire, formation pédagogique
- la disparition de la formation professionnelle post-concours
Le lien vers notre analyse complète:
À tous points de vue, il est donc urgent d’arrêter cette réforme. La FNEC-FP FO appelle tous les collègues à se réunir, dans les INSPÉ, dans les universités, dans les jurys de concours,… pour prendre position nettement pour l’abandon de l’ensemble de la réforme.