Le Snudi-FO participait hier en fin d’après-midi à un groupe de travail concernant l’attribution de la part variable de la Prime REP+. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les nouvelles sont hallucinantes à propos d’un dispositif injuste et irréel !
En préambule, le Snudi-FO a rappelé sa position et ses revendications sur cette question :
« Ce Dispositif ne prévoit pas d’élargir le champ des personnels qui sont pour le moment exclus du versement de l’indemnité REP+ (AESH, certains Psy En , assistants sociaux…), ce qui est scandaleux.
Aucune revalorisation n’est envisagée pour les REP, dont l’avenir est bien incertain avec la mise en place des « contrats locaux d’accompagnement » porté par le secrétariat d’Etat à l’Education prioritaire. Rien n’est envisagé non plus pour intégrer de nouveaux établissements en Education prioritaire, donc : rien pour les lycées anciennement labellisés « ECLAIR ». Le paiement de la part variable serait effectué en « tout ou rien » (au prorata du service en cas de service partagé ou remplacement) : le montant de la part variable serait le même pour tous dans un même collège ou une même école. C’est d’une certaine manière la logique de la « punition collective ». Le risque de cibler les responsables et d’opposer les personnels entre eux est grand. Et ce d’autant plus quand on observe les critères d’attribution de la part variable… Un grand absent : l’instruction. Aucune référence aux apprentissages, ce qui n’est visiblement pas la priorité en REP + pour le ministère. Un grand nombre de critères impliquent que « l’École est son propre recours » : quelles mesures sont prises pour réduire les violences et incivilités ? Comment assurer la « continuité pédagogique » ?
D’autres critères invitent clairement à « dépasser » le cadre réglementaire et les obligations de service : organisations de réunions et rencontres régulières avec les familles, plan de formation spécifique, coopération avec les élus et association… Le Snudi-FO a rappelé son opposition au principe des parts variables, processus d’individualisation des carrières à l’image du privé, et a demandé l’augmentation de l’indemnité à parts égales, en commençant par pallier les injustices actuelles concernant les personnels exclus (AESH, assistants sociaux notamment).
Montants prévus :
La détermination du niveau de la part modulable devra respecter la répartition suivante :
– 25 % au plus des agents concernés de l’académie recevront une part modulable de 600 € ;
– 50 % des agents concernés recevront 360 € ;
– au moins 25 % des agents concernés recevront 200 € !!
Réponse de l’administration :
Madame Pillet commence par apporter des éléments de réponses à notre liminaire en se justifiant de la manière suivante : « L’objet de ce groupe de travail est bien d’appliquer la réglementation. Il faut mettre en œuvre cette augmentation il ne s’agit pas de commenter le cadre national. ». Le DASEN du Haut Rhin abonde dans le sens de Mme Pillet en affirmant : « Nous avons fait un travail en amont sur la cohérence des choix des critères d’attribution. De plus cette revalorisation (part variable) et un plus pour tout le monde »
Remarque FO : cela donnait déjà le ton de ce groupe de travail ou les organisations syndicales n’ont pas pu remettre en cause les critères d’évaluations et se sont retrouvées mises devant le fait accompli et devaient se contenter de se tenir informées des décisions prises par les deux DASEN. Un bel exemple du dialogue social tel qu’il est pratiqué dans notre académie !!
A la question quels personnels concernés : l’administration a répondu qu’elle ferait remonter au recteur la volonté des organisations syndicales que les AESH ainsi que les assistantes sociales soient eux aussi destinataires de cette prime REP+. Mme Pillet a affirmé que tous les enseignants qui ont exercé en REP+ durant l’année scolaire 2021/2022 seraient destinataires de cette prime et que c’ était un véritable travail de dentelle afin que personne ne soit oublié.
Les critères d’évaluation (présentés ci-dessous ) sont les mêmes pour le premier et le deuxième degré :
Engagement autour du projet d’école/qualité du travail d’équipe :
- Projet pédagogique collectif
- Respect de la mise en œuvre des cycles
- Continuités inter cycle
- Qualité du collectif
- Amélioration de la qualité du climat scolaire
- Mobilisation dans le cadre du carré régalien (prévention et traitement des discriminations et de harcèlement, prévention et traitement de la violence )
Investissement dans le réseau :
- Contribution aux travaux dans le cadre du conseil école/collège
- Investissement dans la mise en œuvre du projet de réseau
- Contribution au plan de formation du réseau d’éducation prioritaire
Démarches et dispositifs d’accompagnement des élèves :
- Qualité de l’accompagnement pédagogique mis en œuvre en classe
- APC mise en œuvre
- Qualité de la mise en œuvre de l’école inclusive
Evolution des pratiques professionnelles :
- Créativité pédagogique
- Capacité à avoir une réflexivité sur ses pratiques professionnelles
- Capacité à mobiliser les acquis de formation pour faire évoluer ses pratiques.
Continuité pédagogique :
- Capacité à mettre en œuvre les cycles d’enseignement.
- Qualité de la liaison inter cycle
- Capacité à construire un continuum de formation pour les élèves
- Qualité de la mise en œuvre des apprentissages avec un regard particulier sur les enseignements linguistiques.
- Qualité, et pertinence de la mise en œuvre des parcours éducatifs.
Relations école-familles :
- Mise en œuvre d’une logique de coéducation.
- Soutien à la parentalité
- Intégration des parents à la vie de l’école
- Lutte contre l’absentéisme en élémentaire
- Travaux en faveur de la scolarisation des PS
- Accrochage scolaire.
Partenariats :
- Engagement dans le PRE
- Qualités des partenariats avec les partenaires sociaux culturels
- Ouverture vers le monde sportif et culturel
- Ouverture à des partenaires du monde scientifique, économique et professionnel
- Construction de coopération en lien avec la politique de la ville
- Construction de coopération des institutions au niveau local, départemental et académique
Au vu de tous ces critères d’évaluation FO a demandé aux DASEN comment un IEN (car c’est ce dernier qui va être en charge de l’évaluation dans le premier degré( va-t-il pouvoir donner une note générale à toute une équipe en ne la rencontrant pas ?
La réponse d’un des deux DASEN présents est édifiante !!!! Il assure que les IEN sont proches des collègues sur le terrain et connaissent parfaitement la qualité du travail de leur équipes.
Pour le second degré se sont les IPR et les chefs d’établissement qui évaluent.
Il y a un véritable conflit d’intérêt car les chefs d’établissements perçoivent eux aussi la part variable de la prime REP+ !!!
Comment les enseignants seront informés du montant de la prime qu’ils vont percevoir en juillet 2022 ?
Mme Pillet nous indique que chaque enseignant recevra un courrier fin juin où son augmentation lui sera signifiée mais dans ce courrier il ne connaîtra pas le résultat des critères d’évaluation ! Un comble !!!
L’éducation nationale évalue et récompense sans donner aux enseignants une explication sur l’évaluation de leur travail dans le détail au sein d’une équipe donc pas de moyen pour eux d’améliorer les critères chutés de se justifier auprès de leur IEN et ou même de questionner ce dernier.
Evaluation qui n’a aucun sens pour FO !!!
On y est : la course à la prime comme chez les agents immobiliers est lancée !
Sans savoir ce que l’on doit améliorer ni pourquoi l’école ou le collège d’à côté avec lequel on travaille n’a pas les mêmes réussites que vous ….
Bref, une opacité sans nom en matière de rémunération : du jamais vu dans l’éducation Nationale !!!
La prime REP+, c’est le fait du Prince et le Snudi-FO condamne cet état de fait !