Une délégation du SNUDI-FO composée d’Aminatou Diallo, Audrey Lages et Yannick Lefébure a été reçue à l’INSPE par Philippe Clermont (Directeur de l’INSPE) et Bertrand Bultingaire (Chef des services administratifs) pour aborder divers points sur les permanences syndicales et la formation des stagiaires.
1. Permanences à l’INSPE
FO : Nous avons rencontré des difficultés lors de la tenue des permanences syndicales à l’INSPE depuis la rentrée avec, notamment la mise en place d’un planning de rotation des organisations syndicales alors que notre collègue, Mme Lages, bénéficie d’une décharge ministérielle les jeudis uniquement pour tenir ses permanences.
M Bultingaire : Nous avons cherché à répondre de manière à ce que tout le monde y trouve son compte.
FO : Bien que nous vous ayons fait part de nos contraintes, vos services ont diffusé une répartition où nous ne pouvions tenir que de rares permanences. Nous avons été scandalisé par cette décision très autoritariste !
M Bultingaire : Nous sommes navrés de cet incident qui est dû en partie au fait que nous n’avons pas pu tenir de réunion préparatoire du planning avec toutes les organisations et partenaires comme nous le faisions d’habitude Il y en aura une début juillet, lorsque nous aurons plus d’informations sur la rentrée prochaine pour que tous se mettent d’accord sur les modalités de la rentrée 2021.
FO : Nous serons présents lors de cette réunion de préparation mais il faudra désormais faire avec notre organisation syndicale à l’INSPE de Strasbourg.
2. Quelle reprise en janvier
FO : Même si tout dépend pour la suite du contexte sanitaire et des directives nationales quelles modalités sont privilégiées à ce stade pour la rentrée de janvier ?
P. Clermont : Nous n’avons encore aucune information. Le 1er semestre finira fin janvier en distanciel. Pour l’instant, nous envisageons un début de 2ème semestre dans les mêmes conditions, à moins que nous ayons d’autres directives en janvier.
3. La situation des personnels stagiaires vulnérables
FO : Les PES se trouvent confrontés à un double statut de fonctionnaire stagiaire et d’étudiant et ont donc l’obligation du présentiel d’un côté et du distanciel de l’autre. Certains PES sont inquiets car ils sont personnels vulnérables : en distanciel donc à l’INSPE mais ne pouvant enseigner devant élèves. Quel est alors leur position administrative ?
M Clermont : L’INSPE fait remonter les absences mais ne définit pas la position administrative des stagiaires. C’est donc aux IEN de procéder à l’encodage des absences. De plus, actuellement, nous n’avons aucune information de l’employeur stipulant qu’un stagiaire soit en ASA (Autorisation Spéciale d’Absence).
FO : Il est en effet urgent de faire le point à ce sujet avec la DSDEN et les services du rectorat car ces stagiaires vulnérables sont en ASA puisqu’ils ne peuvent être en classe et pourtant, ils suivent la formation en distanciel à l’INSPE l’autre moitié du temps. Et s’ils ont plus de 36 jours d’arrêts, leur stage est prolongé d’autant de jours qu’il aura dépassé ce seuil.
M Clermont : De plus, les ASA seraient dommageables pour ces stagiaires qui sont aussi étudiants à l’université en parallèle et ces absences risquent de leur faire perdre leur année. Cela est moins préjudiciable pour les stagiaires en DU (Diplôme Universitaire) qui ont déjà un master.
FO : Se pose également la question de l’évaluation pour ces personnels : Quelles seront les conséquences pour l’avis du tuteur s’ils ne peuvent plus observer ces stagiaires en classe ? Peut-on décaler ces visites dans l’année si tant est que la situation sanitaire s’améliore ?
M Clermont : Les M2 sont visités deux fois par leur tuteur. Il est possible de reporter ces visites jusque début mai au plus tard car l’avis de l’INSPE est envoyé fin mai au jury de certification.
4. Modalités d’évaluation 2021 & Oral de titularisation
FO : Pour les stagiaires, cette année de stage n’est pas comme les autres. A la charge de travail très importante s’ajoute :
- un premier poste dans des conditions dégradées liées à la crise sanitaire
- une formation hybride (présentiel puis distanciel et peut-être à nouveau présentiel)
- la mise en place d’un oral de titularisation en juin 2021 qui accentue la pression exercée sur les stagiaires.
Notre organisation est absolument opposée à la mise en place de cet oral de titularisation.
Sur la forme, il pose un problème de travail supplémentaire alors que cette année a déjà une charge de travail très importante et il pose un problème concernant les « évaluateurs ». Qui seront-ils ? IEN, maîtres formateurs, PE… ?
Sur le fond il pose un problème quant aux compétences évaluées : déjà évaluées dans le cadre de l’année de stage. Les PES sont très inquiets car ils n’ont à ce stade aucune information.
M Clermont : Nous n’étions pas demandeurs d’un tel oral et nous n’avons pas trouvé non plus de plus-value à ajouter celui-ci dans le cursus des stagiaires puisqu’il porte sur une analyse de situation professionnelle qui est déjà évaluée par le tuteur ou l’IEN.
FO : cet oral est une source supplémentaire d’inquiétude, d’incertitude et de pression pour les stagiaires qui n’ont pas besoin d’être fragilisés alors que leurs conditions d’entrée dans le métier sont déjà difficiles ! On nous parle d’un entretien oral de 30 minutes avec un IEN et un second évaluateur en mars, avant la dernière visite du tuteur. Avez-vous plus d’informations sur le déroulé de cet oral et sur ces évaluateurs ?
M Clermont : Nous n’avons malheureusement pas encore d’informations précises de la part du rectorat. Ce que l’on sait, c’est qu’habituellement il y a 3 avis formulés pour la certification : celui de l’IEN, de l’INSPE (via les tuteurs) et le jury de certification. Cet oral devient un 4ème avis à la certification où le stagiaire présentera une analyse de sa pratique professionnelle. Il y aurait un second évaluateur mais pour l’instant, nous n’en savons pas plus.
FO : Les compétences évaluées sont à la fois professionnelles et liés à l’investissement du stagiaire. Comment évaluer l’investissement lors d’un oral de 30 min ? » Cela nous parait bien subjectif… Y aura-t-il une formation INSPE en préparation à cet oral de titularisation et de la séance analyse de pratique notamment ?
M Clermont : Non, il n’y aura pas de formation spécifique dispensée par l’INSPE car cela fait déjà partie de leur cursus : les stagiaires sont habitués à mener des analyses de situations professionnelles avec leurs tuteurs et les formateurs de l’INSPE.
FO : Pour le Snudi-FO, ce dont ont besoin tous les stagiaires dans cette situation difficile pour tous les personnels, c’est de pouvoir effectuer leur année de stage avec tout le soutien de la hiérarchie et des formateurs et de pouvoir envisager sereinement la poursuite de leur carrière sans la pression d’un oral de titularisation inutile et anxiogène.
Cet oral sera pris en compte par le jury au moment de la certification mais un avis défavorable serait-il rédhibitoire pour la titularisation du stagiaire ?
M Clermont : Nous ne connaissons pas les grilles d’évaluation utilisés par le jury de certification et c’est préférable car cela permet d’éviter les ingérences. Nous nous occupons de la formation mais n’avons pas de regard sur la certification. Ainsi, l’équité et la transparence sont garanties.
5. La formation
FO : Dès septembre, les stagiaires sont parachutés dans les classes, devant élèves et ils se sentent démunis, sans aide concrète pour enseigner mais surtout se protéger. Ces collègues vont être confrontés à de nombreuses situations compliquées au cours de leur carrière et, dans le même temps, ils ne connaissent pas leurs droits ou leurs obligations de service : Remplir une fiche du Registre de Santé et Sécurité lorsqu’ils sont agressés par exemple, la protection fonctionnelle, la demande d’autorisation de sortie du directeur, les PAI, PPRR ou même PPMS… Autant de sigles qui ne leur parlent pas mais qui feront partie de leur quotidien. Serait-il possible, en début d’année, de consacrer un temps de formation sur ces sujets importants de leur future vie professionnelle ?
M Clermont : Nous avons un module spécifique « école inclusive » et nous proposons des modules sur « les responsabilités de l’enseignant », « la gestion de la classe » mais cela tient plus du volet pédagogique, nous ne répondons effectivement pas à ces problématiques de fond. J’entends votre remarque…
FO : il nous semble très important qu’il faudrait tout de même que ces modules apparaissent le plus tôt possible dans la formation. On ne peut pas faire porter la formation des PES sur les épaules des collègues déjà surchargés de travail et non rémunérés pour ces missions.
M Clermont : Nous allons en discuter avec les adjoints au DASEN. Le tout est de savoir quel est le moment opportun pour un tel module et avec quels intervenants. Merci pour votre proposition.
6. Les élections au conseil d’Institut
FO : Les élections au Conseil d’Institut prévues initialement les 24 et 25 novembre ont été reportées à une date ultérieure. Pouvez-vous nous en dire plus ? Avez-vous déjà les nouvelles dates ? Quelles seront les modalités de dépôt de candidatures ?
M Bultingaire : l’arrêté sera publié en fin de semaine. Les élections auront lieu du 15 au 17 février 2021 par vote électronique.
Le dépôt des listes et des candidatures sera possible jusqu’au 1er février 2021 en déposant l’acte de candidature à l’INSPE ou par lettre recommandée.
FO : Par la suite, comment envisagez-vous la tenue de ces Conseil d’Institut ? Et combien de Conseils pensez-vous pouvoir tenir d’ici la fin de l’année scolaire ?
M Bultingaire : Il y a 4 Conseils d’Institut par an. Deux ont déjà eu lieu cette année en distanciel en septembre et novembre. Les prochains pourront avoir lieu, dans un format ou l’autre en fonction de la situation sanitaire du moment.
7. Les nouvelles modalités de formation et du concours 2022
FO : Le ministère a annoncé le déplacement du concours à la fin de la 2e année de master 2 (M2). Notre organisation y est farouchement opposée car cela signifie repousser d’un an l’accès au statut de fonctionnaire. De plus, au lieu de préparer leur concours au mieux, les étudiants deviendraient des contractuels par l’alternance MEEF. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette nouvelle formation des étudiants MEEF ?
M Clermont : A partir de la rentrée prochaine, il y aurait :
- Des M1 étudiants qui devraient effectuer 2 stages pratiques devant élèves. Nous ne connaissons pas encore les modalités.
- Des « M2 alternants » OU des « M2 non-alternants »
Les « M2 alternants » seraient sous contrat pour des missions d’enseignement dans les classes. Nous n’avons pas de réponses précises de la rectrice, celles-ci arriveront sans doute tardivement mais l’hypothèse avancée est de 1/3 du temps devant élèves et 2/3 à l’INSPE. Une idée évoquée serait que ces M2 alternants soient en classe 1 jour par semaine puis, pour arriver au tiers de temps devant élèves, il leur resterait 12 jours à faire pour, par exemple effectuer des remplacements et permettre aux autres PE d’aller en stage.
Les « M2 non-alternants » ne seraient pas en responsabilité dans une classe mais effectueraient un stage de pratique renforcé dans la classe de leur tuteur à hauteur de 12 semaines de stage ; ce qui représente également 1/3 de la formation.
Le choix serait laissé aux étudiants de privilégier l’une ou l’autre des formations.
FO : Ce libre-choix peut certes paraître attrayant mais il risque d’y avoir un effet pervers : les étudiants les plus en difficultés financières opteront pour l’alternance afin de gagner un peu d’argent. Ils seront contraints de choisir la formation la plus intense et stressante. A contrario, les étudiants ayant un train de vie plus confortable pourront se tourner vers la formation non-alternante ayant un rythme moins soutenu. C’est là une fracture importante dans l’égalité d’accès aux concours que notre organisation rejette totalement.
M Clermont : Afin de proposer la formation la plus efficace possible, nous sommes actuellement en cours de réalisation des maquettes de formation qui comprennent, entre autres, 55% de fondamentaux et 33% d’intervenants du terrain. Il faut préciser que les M2 alternants auraient un mémoire à rendre en 1ère année pour ne pas avoir le poids du mémoire en 2ème année, en même temps que la préparation du concours.
FO : cette alternance va engendrer de facto un stress supplémentaire chez ces étudiants qui auraient besoin de prendre du recul sur leur formation : préparation du concours, suivi des cours à l’INSPE, et maintenant l’oral de titularisation…
Comment prépareront-ils leur concours sereinement dans de telles conditions ? D’autant plus qu’avec moins de 700€ par mois, soit moins de 10€ de l’heure, les étudiants risquent d’abandonner les uns après les autres. Comment notre métier peut-il continuer à attirer les jeunes ?
Pour le Snudi-FO, c’est tout simplement mission impossible ! Nous continuerons d’exiger le retrait de l’oral de titularisation ainsi que sa réforme du Master MEEF !