Ce mardi 3 mars, moins de 72 heures après l’annonce du recours au 49.3 pour tenter de faire passer en force le régime unique de retraites par points, annonce faite à l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire censé être exclusivement consacré à l’épidémie du coronavirus, des milliers de travailleurs du privé et du public ont manifesté leur colère et réaffirmé leur refus de la réforme des retraites programmée par le gouvernement. Des rassemblements devant les préfectures et sous-préfectures et des manifestations ont eu lieu en plusieurs points du pays, à l’appel des organisations syndicales, étudiantes et lycéennes, opposées à la réforme. Depuis trois jours déjà, le recours au 49.3 avait provoqué des rassemblements à Paris et dans plusieurs villes de province.
Les organisations syndicales et de jeunesse opposées à la réforme avaient d’ores et déjà appelé à la poursuite de la mobilisation entamée le 5 décembre avec un prochain temps fort de grève et de manifestations le 31 mars prochain, à mi-parcours du débat parlementaire.
Mais l’annonce du recours au 49.3 en plein week-end, samedi 29 février, en fin d’après-midi, au détour d’un conseil des ministres extraordinaire censé n’être consacré qu’au coronavirus, a précipité les choses. Les organisations syndicales ont appelé hier lundi 2 mars, à une nouvelle journée de mobilisation dès ce mardi 3 mars.
« Nous ne laissons pas passer »
« Le gouvernement a profité d’une réunion de crise, consacrée à l’épidémie, une réunion de crise en soi parfaitement légitime et nécessaire, pour faire passer de façon inattendue, subrepticement, cette décision d’aller au 49.3. Nous ne pouvions pas rester spectateurs de cela. L’appel au 31 mars demeure, mais nous ne pouvions pas rester l’arme au pied dans ce contexte. L’objectif aujourd’hui est de dire que nous ne laissons pas passer. Il était nécessaire d’afficher notre position. Cela s’inscrit dans un processus. On ne baissera pas les bras, parce que nous pensons définitivement que ce projet de système universel par points est une grave erreur et que nous sommes convaincus de notre analyse », a déclaré le secrétaire général de la confédération FO, Yves Veyrier, au démarrage du cortège parisien.
Conférence de financement : le moment était venu de sortir de l’impasse
Interrogé sur la décision de FO, prise la veille, de quitter la conférence sur l’équilibre et le financement du système des retraites entre maintenant et 2027, Yves Veyrier a notamment indiqué : « Parallèlement à sa décision de recourir au 49.3, le Premier ministre nous a écrit pour nous dire que la conférence de financement continuera mais il a ajouté, explicitement cette fois, qu’il en attend des mesures qui accompagnent le fait que les Français devront travailler plus longtemps. FO avait bien compris dès le départ que cette conférence conduirait inévitablement à ce marché de dupes et donc à une impasse. Nous y assistions pour nous assurer qu’on n’allait pas y tramer, dans le dos des salariés, des mesures qui iraient à l’encontre d’autres droits sociaux. Aujourd’hui, on arrive au bout de l’impasse. Nous avons donc convenu que nous ne pouvions plus la cautionner et que le moment était venu d’en sortir. »
Signe des temps, malgré un temps extrêmement court pour la préparation de cette journée, malgré le coronavirus, et malgré aussi les vacances scolaires encore pour certains, travailleurs du privé et du public, actifs et retraités, mais aussi lycéens et étudiants ont malgré tout été nombreux à répondre présents pour revendiquer une fois encore le retrait du projet.